Un constat préoccupant

Dans un contexte d’obsolescence rapide des compétences liée à la révolution numérique, le nombre d’entrées en formation est depuis quelques années en hausse vertigineuse, si bien que la formation, chargée d’opérer au pas de charge la grande mutation de l’économie française, connaît une croissance de start up.  Le dernier jaune budgétaire est ainsi celui de tous les records avec plus de 31 millions d’entrées en formation sur l’année !

Pour faire face à cette très forte demande, l’offre s’est logiquement étendue et les OF sont de plus en plus nombreux (+ 31% entre 2018 et 2022). Sur cette période de 5 ans, le nombre de formateurs indépendants a même doublé ! Pourtant, les formations de formateurs n’ont pas connu de boom particulier et force est de constater qu’une fois encore les cordonniers restent mal chaussés…

Quoi qu’il n’existe pas de chiffres officiels, Digiformag parle de 7 formateurs sur 10 qui n’auraient suivi aucune formation relative à leur activité.

Bien sûr, l’indicateur 22 du référentiel Qualiopi impose au prestataire l’entretien et le développement des compétences de ses salariés, adaptées aux prestations qu’il délivre. Autrement dit, il porte obligation pour les formateurs de se former, c’est-à-dire d’actualiser périodiquement leurs compétences pour continuer à livrer des prestations qualitatives.

Pourtant :

  • la certification Qualiopi n’est pas obligatoire pour exercer le métier de formateur et rien n’est prévu pour les actions de formation extérieures au CPF,
  • dans le cadre même de Qualiopi, la sous-traitance à un formateur inscrit au régime micro social reste possible malgré le durcissement de la réglementation sur la sous-traitance. Or, celui-ci n’étant pas tenu de se faire certifier et n’étant pas « salarié » de l’OF, il passe encore sous les radars de l’indicateur 22…

Évidemment, on peut être un expert dans son domaine d’intervention parce que notre expérience professionnelle nous a donné une connaissance complète de tel ou tel sujet. Dès lors, à quoi bon se former si on maîtrise parfaitement son contenu théorique ?

Le problème est que la formation n’est pas l’information et il demeure nécessaire pour tous les formateurs de développer des compétences d’animation en andragogie.  

Qu’est-ce que l’andragogie ?

On l’oublie trop souvent, mais le mot « pédagogie » (du grec « paidos » et « gogia ») signifie littéralement « éducation de l’enfant ».

Parler de pédagogie pour la formation continue revient ainsi à ne faire aucune distinction entre un public d’adultes et un public d’enfants sur la question des méthodes propices à la transmission du savoir. Au contraire, « l’andragogie » renvoie à un schéma d’apprentissage résolument tourné vers l’adulte. Elle tient compte des spécificités d’un public mûr et expérimenté (une vie plus chargée et plus complexe, une mémoire qui fonctionne différemment, etc.).    

Le premier principe de l’andragogie consiste à expliquer le « pourquoi » des apprentissages. Les adultes recherchent en effet des compétences directement applicables à leur vie professionnelle ou personnelle.

Les adultes veulent également entretenir avec leur formateur une relation d’égal à égal basée sur le respect et la confiance. Il est entendu que le formateur n’est pas l’unique sachant, mais qu’il doit intégrer les expériences passées des apprenants en stimulant les échanges, en leur proposant des problèmes pratiques (learning by doing) et en favorisant leur autonomie. Les adultes, parce qu’ils progressent par échange et non par contrôle, parce qu’ils refusent d’être jugés, ne veulent pas d’un cours descendant mais d’une guidance souple.

Plus généralement, l’andragogie consiste à reconnaître que les adultes ont des motivations et des besoins différents par rapport aux enfants et à leur proposer des méthodes d’enseignement qui respectent et intègrent ces différences.

En guise de conclusion

Indépendamment de ce positionnement spécifique qu’exige l’andragogie, la mutation constante du monde professionnel amène pour la formation de nouveaux enjeux.

Formation à distance, adaptative learning, inclusion, etc. : les formateurs doivent se préparer dès aujourd’hui aux grandes problématiques de demain dans un secteur plus que jamais ultra concurrentiel, et recourir comme leurs clients à la seule solution qui vaille : la formation professionnelle ! 

A bon entendeur… ;-)

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