Dans un monde économique en forte mutation, où les emplois et les besoins en compétences évoluent très rapidement, on assiste à une situation paradoxale dans laquelle voisinent des chômeurs de longue durée et des postes non pourvus.

De quoi s’agit-il ?

La POE (Préparation Opérationnelle à l’Emploi), instituée par la loi du 24 novembre 2009, vise précisément à faciliter ce lien entre demande et offre. Il s’agit en effet d’un dispositif permettant à une entreprise de recruter un ou plusieurs demandeurs d’emploi à l’issue d’un processus concerté de formation aux besoins spécifiques du/des poste(s). Cette préparation opérationnelle à l’emploi peut être individuelle (POEI) ou collective (POEC).

En termes familiers, la POEI joue les entremetteuses entre demandeurs d’emploi et employeurs. Aux uns, elle offre de se former à un métier qui recrute en permettant l’acquisition de compétences précises et opérationnelles. Aux autres, elle permet de gagner du temps dans le processus de recrutement en embauchant un salarié formé au plus près du poste à pourvoir.

Qui est concerné ?

Tous les demandeurs d’emploi inscrits à France Travail qu’ils soient indemnisés ou non, les bénéficiaires d’un contrat de reclassement, de transition ou de sécurisation professionnelle ainsi que les salariés en contrats d’insertion et les travailleurs handicapés. La condition est d’avoir reçu une proposition d’emploi requérant une formation pour adapter ses compétences.

L’employeur, de son côté, peut appartenir indifféremment au secteur privé ou dau secteur public. Il doit en outre avoir déposé une offre d'emploi auprès de France Travail dans un secteur qui a des difficultés de recrutement et être à jour de ses contributions d’assurance chômage. Surtout, il ne doit avoir procédé à aucun licenciement économique au cours des 12 mois précédant la demande.

Si l’ex-Pôle emploi faisait à l’origine une distinction entre POEI et AFPR (Allocation Formation Préalable au Recrutement), la première a été absorbée par la seconde lors de l’entrée en vigueur de la Loi pour le Plein Emploi ; soit au 1er janvier 2024. Conséquence : la durée minimum du contrat de travail envisagé a été raccourci de 12 mois à 6 mois (et même 4 mois, dans le cas d’un emploi saisonnier). A noter, si le contrat est à temps partiel, que le minimum hebdomadaire doit être de 20 heures, sauf contre-indications médicales (en cas de handicap ou d’accident du travail, par exemple).    

Comment ça marche ?

La mise en place d’un POEI se déroule en 3 étapes entre le futur employeur, le futur salarié (qui doit acquérir des compétences complémentaires) et le conseiller France Travail.

L’entrepreneur prend rdv avec un conseiller France Travail pour lui exposer son besoin en main d’œuvre. Il dépose une offre d’emploi précisant qu’il est ouvert à la POEI. France Travail l’aide dans la sélection du candidat. C’est la première étape. Un autre scénario est néanmoins possible puisqu’un candidat, en constatant un décalage entre les attendus d’un poste et son propre profil, peut suggérer à son employeur potentiel de recourir à la POEI, même s’il ne l’avait pas envisagé à l’origine.

La deuxième étape consiste dans l’élaboration d’un plan de formation.

Enfin, la troisième et dernière étape recouvre la formation préalable et l’intégration à la nouvelle entreprise.

Formation et financement

La formation peut se dérouler à temps plein ou à temps partiel et être menée par un tuteur interne à l’entreprise ou par un organisme de formation extérieur. Elle peut durer jusqu’à 400 heures (600, pour certains publics tels que les travailleurs handicapés).

Pendant la durée de la formation, le demandeur d’emploi bénéficie de la protection sociale des stagiaires de la formation professionnelle (accident du travail, congés maladie).

Ce dispositif d’aide est financé par France Travail et peut être cofinancé par le Conseil régional ou l’Agefiph.

L’aide versée est de 5€ par heure dans le cadre d’une formation interne à l’entreprise ; 8€ dans le cadre d’une formation réalisée par un organisme extérieur. L’aide demeure acquise pour l’employeur dans le cas où le demandeur d’emploi abandonnerait la formation ou s’il refusait l’embauche à l’issue de son parcours.

Les bénéficiaires peuvent percevoir le remboursement des frais associés à la formation, ainsi que la rémunération formation de France Travail au cas où ils ne bénéficient pas de l’AREF. Chaque candidat peut ainsi effectuer une simulation (cf. https://candidat.francetravail.fr/portail-simulateurs/).

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