L’intelligence collective désigne la mutualisation réussie des intelligences au sein d’une communauté dans un but précis. Elle est également appelée « stigmergie ». En effet, le mot stigmergie en biologie renvoie à un mécanisme de coordination indirecte entre les agents où les actions successives conduisent progressivement à l'émergence spontanée d'une activité cohérente.

La formation, traditionnellement sur le modèle de l’étoile, doit emprunter une nouvelle forme pour pouvoir s’appuyer sur l’intelligence collective. Seule une structure en réseau, offrant à chaque participant la liberté d’interagir avec n’importe quel autre membre du groupe, est en effet propice à l’émergence de cette stigmergie.

Dans cette nouvelle configuration, le formateur devient un facilitateur dont le rôle ne consiste plus à porter du contenu mais à stimuler les actions du groupe. Cette approche pédagogique est d’autant plus d’actualité que la systématisation du distanciel offre toutes les facilités pour sa mise en œuvre (une structure horizontale, des outils de coopération, un système d’information, etc.).

 

Problématique de mise en œuvre

L’intelligence collective originelle, telle que définie par Jean-François Noubel, est le fait de petits groupes synchrones, inférieurs à 13 personnes. Là où le bât blesse avec la FOAD c’est que les groupes sont facilement plus nombreux et asynchrones. Or, avec des groupes supérieurs à 12 personnes, on retombe inévitablement sur le schéma défini par le chercheur William D Hill et connu sous le nom de « règle des 1% ».

Dans un groupe donné, 1% des membres sont proactifs (en fait cela peut aller jusqu’à 5%), entre 10 et 20% des membres sont réactifs, et les membres restants (l’écrasante majorité) demeurent dans l’inaction. Ces « passagers clandestins », dixit Jean-Michel Cornu, se tiennent d’autant plus facilement à l’écart que le nombre les protège.

Miser sur l’intelligence collective c’est croire que la solution va naître de la confrontation positive des idées. Du coup, si la majorité du groupe se tient à l’écart du brainstorming, le résultat ne peut être que décevant.

L’enjeu pour le formateur/facilitateur devient donc de réussir à intégrer à tour de rôle les « inactifs » dans la réflexion commune. En effet, si la règle des 1% demeure toujours valable, il n’est pas obligatoire, sur la durée, que les rôles de proactifs, réactifs et inactifs soient distribués de la même manière.

Le facilitateur doit en premier lieu réussir à distinguer parmi les inactifs la fraction d’observateurs qui, sans y prendre part, suivent les réflexions du groupe. A charge ensuite de les impliquer à tour de rôle dans la formation par tous les moyens adéquats : en stimulant les participants par des messages courts, en soignant les synthèses qui forment autant d’étapes dans la réflexion commune et stimulent à chaque itération l’intelligence collective, en indiquant les prochaines étapes dans le déroulé de la formation pour permettre aux observateurs de monter à tout moment dans le train, etc.

 

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