Malgré le terme de « perpétuité », il n’existe pas dans le droit européen d’emprisonnement à vie, sans aucun espoir de libération. La prison étant ainsi conçue comme une parenthèse plus ou moins longue avant une réintégration dans la société, il importe que le prisonnier mette à profit le temps carcéral pour acquérir les compétences nécessaires à sa réinsertion.
Pour autant, la formation professionnelle en milieu carcéral n’a pas encore été homogénéisée sur l’ensemble du territoire européen et il existe d’importantes disparités d’un pays à l’autre.
Dans tous les cas, la particularité du public et la problématique de sécurité compliquent beaucoup l’accès aux compétences.
Principes d’accès à la formation dans les prisons françaises
Le principe est le suivant : « Toute personne détenue peut accéder à une formation en vue de sa réinsertion ». Cette formation peut être de base (apprentissage de la lecture, de l'écriture, du calcul), ou viser l’acquisition de compétences plus spécifiques, voire l’obtention d’un diplôme.
Dans la pratique, cet accès se fait sur la base du volontariat. La demande est toujours soumise pour validation au service pénitentiaire d’insertion et de probation. Au cas où la formation se déroule en partie ou en totalité à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire, le prisonnier doit obtenir en outre un accord du juge de l’application des peines.
Depuis le 1er janvier 2020, les détenus de moins de 29 ans peuvent même intégrer un CFA.
Difficultés rencontrées
Dans la pratique, comme le souligne la chercheuse Maria Toia, la population carcérale a souvent un lourd contentieux avec le système éducatif. Un accès à la formation strictement basé sur le volontariat écarte donc d’emblée une fraction importante des détenus.
Parmi ceux qui font le choix de se former, la question du ré-engagement dans le processus d’apprentissage demeure essentielle. Le formateur doit donc être capable de mettre en place des stratégies de ré-engagement en gardant à l’esprit les spécificités de son public.
Le paradoxe Internet
Depuis le début de la crise sanitaire, le poids d’Internet dans la société s’est encore accru et les conséquences de l’illectronisme en matière d’employabilité, d’accès à l’information et de lien social, se sont encore aggravés.
Pourtant, les détenus en France n’ont toujours pas accès à Internet. Cette réalité entrave de facto le droit à la formation réaffirmé plus haut puisqu’il empêche un prisonnier de préparer concrètement son retour au sein de la société.
Pour cette raison, et malgré les contraintes de sécurité inhérentes au milieu carcéral, la Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté (CGLPL) réclame que les détenus puissent accéder au wi-fi depuis leurs cellules en fermant l’accès à certains sites. Elle souhaiterait en l’occurrence que la France emboite rapidement le pas à la Belgique et l’Allemagne, où les prisonniers ont la possibilité de se former avec des cours d’apprentissage à distance.
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